LE MAGAZINE DU RÉSEAU DANIEL MOQUET
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En France, alors que 80 % de la population est concentrée dans les villes et leurs périphéries, la tendance est au retour vers la nature ! Où se trouve alors ce petit coin de verdure dont nous rêvons tous ? Une enquête (Unep/Ipsos 2013) révèle que 69% d’entre nous disposent d’un jardin, chiffre qui passe à 94% lorsqu’en plus nous possédons une maison individuelle. Milieu rural ou milieu urbain, où sont-ils et qu’y trouve-t-on ?
Mini jardins, maxi engagements écologiques
Pour les citadins, et particulièrement ceux qui habitent en logements collectifs, le jardin s’est longtemps résumé à quelques plantes sur un coin de balcon. Ce temps là n’est pas loin d’être révolu ! La crise est passée par là. Nous sommes nombreux à surveiller de près notre budget et à essayer d’optimiser la gestion de notre quotidien. Et puis, la société évolue : plusieurs affaires touchant à la qualité de notre alimentation ont provoqué une prise de conscience sur la nécessité de consommer des produits sains pour garantir une bonne santé, de préserver l’environnement et revenir aux valeurs simples de la nature.
Le “faire soi-même” fait partie de ces changements. Nous voulons désormais, cuisiner, bricoler, coudre et jardiner nous-mêmes. Le pourtour des villes voit “pousser” les jardins familiaux qui s’étendent sur des espaces publics relativement importants et dans lesquels les jardiniers du dimanche peuvent s’exprimer sans trop de contraintes. Cependant, au sein des cités ou au centre des villes, l’espace se fait rare. Il a fallu faire preuve d’imagination pour trouver matière à créer de vrais jardins nourriciers. Car c’est bien cette tendance qui s’exprime de plus en plus : cultiver pour se nourrir. Face à cet engouement, la presse spécialisée, le commerce, les designers, les inventeurs… se sont mobilisés pour proposer à tous ces jardiniers débutants des panoplies d’outils pour apprendre et récolter. On peut donc maintenant trouver les versions “mini” des outils de jardinage de nos grands-pères : mini serres d’intérieur, plateau à herbes aromatiques, petits jardins carrés, tours végétales, kits thématiques fournis avec jardinière, terreau, sachet de semence et fiches conseils. Les producteurs ont fait évoluer leur offre vers des variétés de plantes plus résistantes et plus goûteuses. Le citadin trouve aussi des motivations au travers des nombreuses expositions et salons à thèmes : citons l’événement majeur qu’est “Jardins, Jardin” aux Tuileries entièrement consacré à la nature en milieu urbain et qui rencontre un énorme succès depuis sa création, il y a plus de 10 ans.
Un potager d’intérieur
Le potager intérieur peut s’installer dans n’importe quelle pièce de l’appartement pourvu qu’elle soit ensoleillée et suffisamment aérée. Ensuite tout dépend de la surface dont on dispose : pour les petites surfaces, il est conseillé d’opter pour un potager en carré qui permettra de cultiver des légumes comme les tomates, salades, radis, courgettes, des plantes aromatiques comme le basilic, la menthe, la ciboulette... Il existe également une version potager vertical pour un gain de place supplémentaire. Il restera à humidifier régulièrement, sans trop arroser pour récolter et déguster. Pour éviter les salissures liées à la terre, on peut opter pour un système de potager vertical hydroponique. Les plantations sont alors cultivées sans terre, et nourries en fonction de leurs besoins avec des substances nutritives qui leur garantissent une croissance rapide et efficace. L’irrigation s’effectue grâce à une pompe. La croissance des plantations se concentre ainsi sur les feuillages et non sur les racines. La consommation en eau est moindre par rapport à un arrosage traditionnel.
Mis à bout, les jardons de France totalisent un million d'hectares. (Etude Jardivert 2010)
Des poules pour les citadins ...
Pour ceux qui ont la chance de disposer d'un peu plus d'espace, en zone urbaine et péri-urbaine, la tendance est à l'adoption de poules ! Les jardineries et magasins spécialisés ont vu leurs ventes augmenter : on parle d'une progession de 50% sur l'année 2011. Cette tendance témoigne d'une envie de retour aux sources, et de disposerde produits de bonne qualité : pouvoir ramasser des oeufs frais chaque jour n'est plus réservé aux ruraux. De plus, culture potagères et élevage sont des outils pédagogiques pour apprendre la nature aux petits citadins. La poule est aussi un moyen de recycler les déchets organiques (épluchures, restes de nourritures ...) ce qui participe à la préservation de la planète.
Et à la campagne !
En milieu rural les jardins sont un prolongement de la nature. Traditionnellement, il y a quelques dizaines d'années, ils étaient situés autour des maisons en bordure des villages. Souvent, sur le devant, un petit jardin d'agrément accueillait le visiteur, puis sur l'arrière on trouvait le potager, un peu à l'abri des regards : un espace pour les légumes, quelques fleurs pour faire un bouquet, des groseilliers et framboisiers pour faire les confitures, un petit verger et quelquefois un poulailler. Il permettait à ses propriétaires de vivre pratiquement en autarcie. Ce modèle a un temps été démodé... le must, c'était alors d'aller faire ses courses au supermarché ! Mais le temps de la crise, de la nourriture malsaine, de la pollution, est venu rétablir les valeurs de la nature. Tout comme les jardiniers citadains, les nouveaux jardiniers ruraux sont préoccupés par l'avenir de la planète et motivés par le "bien manger". Ils cultivent en respectant la nature : respect du sol, de l'air, du rythme des saisons. Leur jardin s'est agrandi : selon l'INSEE (2006), la surface moyenne des jardins est passée de 470m2 (maisons d'avant 1949) à 720m2 (maisons d'après 1999). Ils assument leurs choix : cultiver son potager bio est devenu tendance. On ne le cache plus ! Au contraire, on le partage. Tout comme son collègue de la ville, le jardinier de la campagne s'informe auprès des médias spécialisés, sur les sites internet dédiés, des méthodes qui lui permettront d'améliorer la biodiversité de son petit coin de verdure. Parallèlement, le jardin est devenu un endroit où il fait bon vivre : on y passe du temps, non seulement pour le cultiver, mais aussi pour s'y reposer ou y recevoir. On y aménage des petits coins conviviaux, une jolie terrasse, quelques allées qui permettent d'y circuler tranquillement, et pourquoi pas une piscine où la famille prendra ses quartiers d'été. Le jardin est devenu une pièce de la maison. D'ailleurs les français le placent en 2e position, juste après le séjour, pièce de vie la plus importante pour la plupart des Européens (enquête Unep/Ipsos2013).
Qu'ont-ils en commun ?
Jardins des villes et jardins des champs... sont bien différents sur la forme. Les uns sont minuscules positionnés sur des balcons, des terrasses voire dans des séjours ou des cuisines. Les autres sont spacieux, souvent déjà au coeur de la nature, ils combinent souvent les missions de jardins nouriciers et jardins d'agrément. Mais là où la différence n'existe plus, c'est dans la tête des français : qu'ils soient urbains ou ruraux, ils sont de plus en plus à la recherche de verdure : peu importe le jardin pourvu qu'il soit vert ! Pourvu qu'il procure ce bien être unique que l'on ne trouve qu'au contact de la nature. Le jardin, petit ou grand, est synonyme de détente. Il se révèle être un lieu de calme et de convivialité. Au delà de cet aspect psychologique, il rassemble autour de l'engouement pour l'écologie, la biodiversité et le goût pour une nourriture saine et locale. C'est comme si pour chacun, le jardin était un morceau de nature unique et préservée : un havre de paix.
En France, on dénombre 17 millions de jardiniers (Etude Jardivert 2010).