LE MAGAZINE DU RÉSEAU DANIEL MOQUET
Accueil›Découverte›Le jardin médiéval
Il reste peu de traces des jardins médiévaux. S’ils sont venus jusqu’à nous, c’est la plupart du temps qu’ils ont été racontés ou dessinés au Moyen-Âge. Les dessins, tapisseries, enluminures... d’époque ont permis de reconstituer ces merveilleux jardins et de découvrir ou redécouvrir les vertus de leurs plantes aromatiques ou médicinales, et le goût des légumes anciens qu’on avait oubliés.
Au Moyen Âge, ces jardins sont avant tout utiles et doivent pouvoir nourrir et soigner les habitants du lieu. Ils ont aussi une valeur symbolique puisqu’ils sont une représentation du paradis où tout un chacun vivrait en autarcie, à l’abri du besoin. Certains renferment parfois un jardin d’agrément consacré au plaisir des sens.
Repère : situer le Moyen-Âge. On situe le Moyen-Âge entre 476 (Chute de l’Empire Romain d’Occident) et 1453 (fin de la guerre de 100 ans). En 1492 Christophe Colomb découvre l’Amérique. Cet événement marque le début des temps modernes en France et en Europe.
Un jardin très organisé
La première caractéristique du jardin médiéval est qu'il est clos et situé aux abords d’un monument, monastère ou château. Il est organisé de façon stricte, en damiers. Les plantes y sont cultivées dans de petits carrés délimités par des bordures de bois ou des plessis (branches de saule ou de châtaigner tressées).
Il est lui-même composé de plusieurs jardins :
UN HERBULARIUS ou “jardin de simples”
Comporte les plantes aromatiques et médicinales. Les carrés sont généralement organisés selon l’usage des plantes : Plantes des fièvres et des refroidissements (nos antibiotiques), plantes des femmes (pour les problèmes féminins), plantes vulnéraires (soignent les traumatismes) les purges, les plantes pour les maux de ventre. Au Moyen-Âge, ce sont les ordres religieux qui concoctent les remèdes et assurent les soins aux malades. Nombreuses sont les plantes connues encore aujourd’hui, dont on utilise les bienfaits : la sauge employée pour ses vertus toniques et antispasmodiques, l’absinthe qui possède des propriétés toniques et était aussi un vermifuge, le raifort bénéfique pour les reins et antiscorbutique, et tant d’autres encore.
UN HORTUS ou "jardin potager".
Il comporte selon la symbolique Chrétienne neuf carrés. On y cultive alors des choux, des oignons, des poireaux, des bettes, épinards, navets, carottes et panais, mais on y retrouve le plus souvent les céréales et les légumineuses qui sont les plus consommées à la table des plus pauvres. A cette époque, nous ne connaissons pas encore la pomme de terre ! On y produit aussi des condiments et des aromates qui remplacent les épices réservées aux plus aisés : ail, moutarde, raifort, coriandre, aneth, fenouil, mais aussi la sarriette, le thym, le basilic et la marjolaine.
UN VIRIDARIUM ou "verger plantés d’arbres fruitiers".
Dans les monastères, le verger est souvent planté dans le cimetière où les tombes se font souvent discrètes voire anonymes. Il y pousse de nombreuses variétés de pommiers, poiriers, pruniers, cerisiers, mais également des figuiers, cognassiers, néfliers, noisetiers… Mais également des arbres dont les fruits ne sont plus utilisés aujourd’hui : le cornouiller, l’aubépine, le cormier, ou le murier noir.
Charlemagne le jardinier ! Vers l’an 800, CHARLEMAGNE édicte un texte législatif comportant une liste de plantes (on parle de 94 plantes) qui doivent être cultivées dans tous les jardins de l’empire. Ce document est connu sous le nom de Capitulaire de Villis. Il demeure encore aujourd’hui une source d’information importante sur les plantes utilisées au Moyen-Âge.
UN JARDIN D’AGRÉMENT ou "jardin des sens".
Il est composé de labyrinthes végétaux qui renferment de petits jardins consacrés à chacun des sens. L’ouïe est représentée par le chant des oiseaux et le bruit de l’eau. Le plaisir du goût y est évoqué par les plus beaux légumes réunis dans un potager au sein du jardin. L’odorat est flatté par le délicieux parfum des fleurs. On peut y admirer tout un panel de couleurs qui vont du pourpre au blanc en passant par tous les tons de violet et de bleu, qui réjouissent la vue. Pour le toucher, un jardin des textures permet la découverte des feuillages plus ou moins duveteux ou piquants. Ce sont souvent des passionnés qui ont permis la reconstitution ou la restauration de ces jardins d’antan. Ils sont un magnifique lieu de promenade qui invite à explorer l’univers mystérieux de la tradition médiévale d’où nous viennent des parfums d’élixirs et des potions sorties de vieux grimoires... remontons le temps, et laissons-nous envoûter par la magie de cette époque !
Le plan de Saint-Gall
Ce document très ancien (conservé depuis l’an 820) représente un complexe de bâtiments du Moyen Âge. Il offre une représentation du jardin médiéval qui reste une référence pour les historiens et les passionnés de cette époque.